Les clips du mois, c’est votre rendez-vous mensuel qui vous présente les sorties vidéos de nos musiques préférées. Composées avec amour et minutie par les oreilles de notre rédaction, ces compilations s’attèlent à vous partager chaque mois le meilleur des Internets, faisant se côtoyer les grands noms du moment et les jeunes pousses de la musique. Découvrez les pépites qui nous ont fait chavirer le cœur et les rétines ce mois-ci.
Le plus footeux : Rahill – Tell Me
| Sélectionné par Caroline
Vous vous attendez peut-être à ce que l’on écrive ce texte en utilisant le champ lexical du foot à coups de “but, terrain, hors jeu”, mais il n’en sera rien. Rahill a bien des pouvoirs, mais pas celui de nous transformer en journaliste de sport avec trop d’années de carrière. Nous vous parlerons par contre avec plaisir de la référence aux albums Panini de notre enfance made in 90’s de la réalisatrice Barbara Anastacio, et des images documentaires de Rahill enfant en plein match. “Il reste si peu de choses auxquelles croire. J’ai toujours trouvé l’inspiration et l’honnêteté dans le sport”, dit-elle. C’est une ode à l’amour du sport qui a comme point de départ les mots de Pier Paolo Pasolini sur la convergence des codes du foot et de la société : être ensemble dans la victoire comme dans la défaite. On s’y mettrait presque, mais on doit d’abord écouter Tell Me en boucle, quel dommage.
Le plus langoureux : Russian Red – No entiendo nada
| Sélectionné par Joséphine
Si la sortie surprise de This is un volcán en juillet dernier nous laissait espérer le retour de l’artiste espagnole sur nos platines, No entiendo nada balaie tous les doutes : Russian Red est bel et bien de retour, et ce pour notre plus grand plaisir. Le rideau se lève sur ce nouveau titre dans un mood résolument vintage qui lui sied à merveille depuis ses débuts. À travers des guitares aux réverbes embuées, une voix toujours plus traînante et un retour bienvenu à sa langue maternelle, Lourdes Hernández redonne des couleurs aux matins ternes dans un clip délicieusement addictif aux références évidentes au photographe Guy Bourdin. Un second titre qui ne nous laisse qu’une seule question sur les lèvres : à quand un nouveau disque ?
Le plus « Madone des dunes » : ascendant vierge – Ce monde où tu n’existes pas
| Sélectionné par Philomène
Ce n’est pas trop un secret, ici, on aime beaucoup le duo ascendant vierge. On aime leur style tout en contraste, le lyrisme insolent et le gabber hardcore, leur dernier album, Une Nouvelle Chance, et maintenant, leur dernier clip, celui de Ce monde où tu n’existes pas. Le duo, composé de Mathilde Fernandez et Paul Seul, y erre dans l’onirique désert, séparé·es comme deux aimants incapables de se rassembler. “J’ai ressuscité dans un monde, dans un monde, dans un monde, dans un monde, où tu n’existes pas” se lamente dans le sable une Mathilde Fernandez façon main female character de Dunes mais avec plus de temps d’écran. Égaré·es dans les tristes monticules beiges, nos héro·ïnes parviendront-iels à se retrouver ?
Le plus désillusionné : Swing – NO FUTURE
| Sélectionné par Louise
« Rien à fêter mais on danse quand même ». Aucun doute, presque quatre ans après ALT F4, Swing est de retour, pour le plus grand plaisir de nos esprits torturés, évidemment. Avec le brio qu’on lui connaît, c’est dans un clip qui célèbre l’amour et la beauté du monde autant qu’il les regrette que le poète bruxellois dévoile NO FUTURE, une immersion enivrante dans sa tête, entre désirs et désillusions. NO FUTURE c’est une ode à la solitude bien entourée, la célébration d’une jeunesse abimée mais pleine d’espoir, un cri du cœur rassembleur face aux désenchantements, et c’est tout ce qu’il nous faut.
Le plus déraillé : Yvnnis – GARE DU NORD
| Sélectionné par Mathilde
« Mon talent s’voit pas dans les ventes », mais bien dans ce clip. Yvnnis signe son retour, moins d’un an après la sortie de son album NOVAE, avec GARE DU NORD et une esthétique visuelle stepmotion. Le maitre mot est la « découpe », pendant que le rappeur s’en prend à la prod avec un rap très citadin, Omar Film joue également sur ce concept au sens propre du terme pour une bonne cohérence visuelle. Une découpe d’images collées de bout en bout au rythme des BPM effrénés, sur le travail de production de LILCHICK. Merci de rappeler ce pourquoi on se donne rendez-vous chaque mois : les clips font, encore aujourd’hui, partie intégrante de cet art.
Le plus symbolique : Nikola – Papier cigarette
| Sélectionné par Juliette
Comprendre le passé pour construire à son tour. Suite à un été passé à parcourir les routes des Balkans, Nikola, originaire du Monténégro, nous a embarqué à ses côtés, jusqu’à nous dévoiler en image l’apothéose musicale d’un voyage tentant de réconcilier ses cœurs. Réalisé par Dario Holtz et Hector Héritier et conduit par un morceau électrisant, alternant avec la douceur, ce clip suit le ton : sincère, brut, galvanisant. Les Balkans, la nature faisant face au « bitume ». À l’image du Brutalisme, architecture thématique du morceau, Nikola nous partage sa réponse émotionnelle au chemin de la diaspora. Il nous l’explique lui-même, le Brutalisme montre la charpente, la beauté des imperfections, expose les forces de l’inachevé et introduit la mémoire dans l’architecture. « J’ai compris qui j’étais en regardant des bâtiments » : une sincérité poignante qui nous introduit au squelette d’un nouvel album prévu le 19 janvier et qui nous accompagnera bientôt sur les routes à la recherche de soi.
Le plus onirique : YAÅSTER – Spleen d’Été
| Sélectionné par Alexis
Quelques plans lents, des couleurs saturées, et des montagnes qui pourraient tout aussi bien se situer dans les Pyrénées ou en Patagonie : Yaåster nous a fait replonger dans Baudelaire. Son clip à tout d’un idéal : qui n’a pas rêvé d’ailleurs en regardant les nuages violacés à l’horizon ? Un rêve – oui. L’été terminé ; l’amour passé ; la même rengaine chaque année. On a le spleen nous aussi. Alors on danse, on chante, on s’imagine « des soirées près d’un lac noir Du feu, des lèvres, un jeu sans trêve comme ça ». Kevin Parker a-t-il écouté Christophe en boucle ? Yaåster sûrement. Son clip Spleen d’été a été tourné à Val d’Isère et dans la forêt de Rambouillet. Une atmosphère magnétique pour lancer la sortie de la version Extended de son EP Out Of My Zone. Il sera au festival Les chants de Mars, à Lyon, en première partie de Nusky & Vaati.
Le plus hollywoodien : Loren Kramar – Hollywood Blvd
| Sélectionné par Hugo
Attention, banger de fin d’année en approche. Avec son clinquant et charmeur Hollywood Blvd, Kramar frappe fort et s’envole vers les étoiles pour la sortie de son nouveau single. Nous plongeant dans un vieux Hollywood où les rêves de chacun·es inondant tant la ville de splendeur que de ridicule, Kramar nous dépeint ici l’artifice d’une industrie de divertissement qui pousse vers le désir toujours plus intense de se sentir important·e. Avec une mélodie grandiose et dramatique sur une voix de velours, Hollywood Blvd propulse indéniablement son auteur-compositeur sous le feu des projecteurs et promet de jolies choses. Impossible de ne pas succomber à la dose d’amour et de spectacle que nous balance l’artiste américain en cette fin d’année.
Le plus doux : Jewel Usain ft. Béesau & Hedges – Incapable
| Sélectionné par Anne-Sophie
Jewel Usain parle de sentiments sur fond de crépuscule synthétique comme on aborde les émotions par la tangente : d’une façon douce et prudente à la fois. Ce clip de Kidhao parachève le propos du rappeur, dont l’album Où les garçons grandissent peut sans doute être considéré comme l’un des meilleurs de cette année, à la fois pour sa production alliée à Béeseau et pour sa teneur profonde. Il touche ici un point sensible et s’expose dans une lumière rose et bleue, comme parachuté devant nous pour dire tout ce qui a besoin d’être dit. La paroi du silence s’incline et dans ce petit carré de sunset, on trouve une invitation au repos et, il faut le dire, c’est beau.
C’est comme les Power Rangers, parfois on unit nos pouvoirs pour faire de plus grandes choses.
