Listen Festival 2024 : boom boom dans les oreilles et dans nos cœurs
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Auteur·ice : Rédaction
23/04/2024

Listen Festival 2024 : boom boom dans les oreilles et dans nos cœurs

On a mis du temps à se remettre du Listen Festival. Comme chaque année, nous avons été captivé·es, transcendé·es et charmé·es par ce line-up plus que grandiose. Autour de la ville, on a dansé et on s’est laissé·es porter par les basses, le rythme et les ondes positives qui ont émané de nos salles préférées durant six jours intenses. Pour faire durer cette douce nostalgie électronique, on vous propose de vous replonger dans nos soirées préférées de cette édition 2024.

26/03

Listen X Botanique Marina Herlop @Eglise Notre-Dame de Laeken

© Diego Mitrugno

Ce mardi-là, celleux qui ne prient pas avaient un prétexte pour entrer dans une église et y rester plus de dix minutes. L’occasion de dépasser le simple intérêt esthétique ou la question de la religion pour revenir à un point commun – la musique. Après un petit moment d’adaptation à cette curieuse salle de concert, on découvre Lucinda Chua et son violoncelle. Commence alors une ballade nocturne aux airs calmes et touchants. Puis les vocalises décollent du cœur de l’église pour planner un petit temps dans les hauteurs de la nef. Elle nous quittera sur cette phrase qu’on n’entendra sûrement plus jamais : « I’ve brought a few records, if you want one come and find me at the confessionnal ». 

Toujours dans nos vestes, entre ces froids murs de pierres, on se serre un peu en attendant la musique revigorante de Marina Herlop. Laquelle débarque confiante, prête à nous bousculer avec, entre autres, les titres de ses récents albums Pripyat et Nekkuja. Si ces derniers font preuve d’une volonté expérimentale, avec leurs sons électro inattendus, elle continue de nous mettre des claques avec sa grande maîtrise vocale. L’artiste catalane joue avec son public, se marre de le voir surpris lorsqu’elle dégaine ses rythmes déconstruits et brutaux. Un franc parler instrumental qui contraste avec la douceur de sa voix et le mélange linguistique auquel elle s’adonne dans ses chants, souvent indéchiffrables.

29/03

Listen X NotYourTechno @Congrès

© Maryan Sayd

Entre deux volées d’escaliers remontant à la surface, les platines et le soundsystem annoncent la destination de la soirée. Guichets fermés, pas besoin de plus d’infos, on sait où on va. La gare de Bruxelles-Congrès offre au collectif bruxellois NotYourTechno un lieu exclusif pour faire danser un public qu’on espère aussi inclusif que d’habitude. En effet, lors de leurs nombreuses soirées – au Recyclart par exemple – on a toujours eu la chance de partager nos mouvements avec un public et un line-up riches en diversités. That’s what it’s all about : NotYourTechno traduit la volonté d’empêcher quiconque (les privilégiés) de s’approprier la musique aux dépends des personnes minorisées. En gros, sharing is caring. 

Malheureusement on n’aura pas trop ce sentiment ce soir-là. Le niveau de parole du public occupant trop l’espace sonore, on a presque du mal à vraiment écouter la musique. Mais on continue à danser par-dessus les voix et défendre notre espace. D’abord sur la sélection de vinyles de Timmerman puis sur la house-techno progressive de Sarkawt Hamad, nous livrant un set profond et atmosphérique, doux et entrainant. C’est le duo Baraka qui vient nous secouer un peu avec une techno plus industrielle aux kicks métalliques et saccadés. On court avec le bpm pour se perdre dans les grognements d’un monstre qui a repris le dessus. Et pour finir, le B2B mythique de Sara Dziri et Cheb Runner, mêlant techno et sonorités tunisiennes ou marocaines pour rappeler les couleurs du collectif.

30/03

Listen x Ancienne Belgique present H JeuneCrack + Selug & Senar + Jeune Mort + Gen + Achim

Pour la première soirée rap de son histoire, le Listen Festival nous avait donné rendez-vous à l’Ancienne Belgique. Parmi cette affiche mettant à l’honneur la new wave du rap francophone, on attendait énormément la première scène de Gen à Bruxelles. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’on a pas été déçu·es. Le rappeur parisien est venu y défendre ses trois derniers projets : Fidel, GENNIFER et Dog Day. Gen rappe ce qu’il vit : il n’en peut plus du métro, il a beaucoup fumé, a regardé le plafond et a lu des livres avant de trouver l’équilibre. Forcément, ça nous touche. Et puis, Gen a trouvé l’amour. Dans ses disques, il ne cesse de trouver de nouvelles rimes pour parler de sa Gennifer : « Bébé, cette montagne s’appelle Gennifer cette vie s’appelle Gennifer, ce track s’appellera Gennifer, même moi, j’m’appelle Gеnnifer ». Le temps d’un soir, c’est Bruxelles qui s’est appelée Gennifer.

H JeuneCrack est ce jeune crack qu’il pense être. On s’en était déjà rendu compte au Botanique en octobre dernier, on en a eu la confirmation lors du Listen Festival. 3 meufs, Présidentiel Flow, Mr le Prouveur, Vrai Crack, 10 balles : quand H JeuneCrack rappe, on écoute et on ne voit pas le temps passer. Le grand moment de son set restera ce qui est désormais un rituel lors de ses concerts : une improvisation, au milieu de la foule, sur base de trois mots donnés par l’Ancienne Belgique. De l’énergie, de la sincérité et des rimes techniques : on aura apprécié la première soirée rap du Listen Festival. Désormais, on n’attend qu’une chose : que le Listen renouvelle l’expérience lors de sa prochaine édition avec, pourquoi pas, des rappeuses à ajouter à sa line-up.

31/03

Listen X Magma @Bozar

| Photo : Pauline Arnould

© Pauline Arnould

Derrière son cockpit de machines à sons, Bolis Pupul s’affirme dans un jeu électronique maîtrisé. Ponctuellement éclairé par quelques spots, il se fraie un chemin entre une multitude de boutons et de claviers. Et nous on se laisse guider, le sourire aux lèvres et les pieds qui s’agitent. On danse sur les couleurs d’une partie de PS2 ou d’une soirée disco, puis sur les notes acides d’un solo instrumental déchaîné. Entretemps il chantera bien sûr, seul ou accompagné de sa sœur pour interpréter Ma Tau Wai Road et raconter leurs racines chinoises. On découvre son dernier album Letter To Yu dans un moment joyeux et entraînant, touchant et précieux. 

Ensuite, Marie Davidson est venue bousculer le public Bozar du dimanche soir. Aussi vénère que ses rythmes cassés et méchants, elle a des choses à dire et ses instrumentales sombres et brutales parlent avec elle. D’une énergie folle, elle s’adresse directement à nous pour nous rappeler les bases « it’s okay to be weird » ou encore « it’s all about the monsters in you ». On a presque l’impression de se faire passer un savon mais on accepte, elle fait ça bien. En fait, l’esprit est assez similaire à celui de son fameux Work It avec Soulwax, le ton est monotone et assuré.

On aurait aimé être partout à la fois. Au Buda, dans les tunnels de Louise ou le hall de la Gare Centrale, entre les murs de briques du Fuse ou les hauts-plafonds du C12. Et en même temps, sans avoir tout vu ou tout entendu, on l’a ressentie cette douce euphorie. Celle de la conscience d’un tout musical qui pendant une semaine fait vibrer Bruxelles. Et on le redemande ce sentiment puissant d’être ensemble, dans l’écoute et les mouvements.

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